Saturday, February 2, 2013

Noah je t'aime, peux-tu m'épouser ?

Aujourd'hui, l'article 1 qui consent le mariage entre deux personnes de même sexe ou de sexe opposé est passé. Même s'il en reste plein, même si on est pas vraiment au bout du combat (le sera-t-on un jour ?), je pense qu'il faut être content et fier de ces petites victoires du quotidien. Les petites victoires font les grands changements.

Bon en fait, si je fais cet article, c'est surtout pour dire que je suis allée manifester dimanche dernier. Wahou super la meuf. Je précise quand même que pour moi, le dimanche est tellement déprimant que c'est rare que je me bouge le cul plus loin que ma théière. Pourtant, réveil à 9h30, je suis allée chercher Coralie, et tout dindon-vampires dehors, nous sommes allées braver le froid (en fait non) et la foule (ça, oui) avec d'autres Madmoizelles.

La dernière fois que j'ai manifesté, c'était pour le CPE, je connaissais vaguement le truc mais j'étais plus excitée à l'idée de passer mes journées devant notre lycée barricadé en fumant des black devils perchée sur des poubelles. Je suis pas vraiment la politique, parce que c'est rare qu'il y ai des choses qui me prennent aux tripes. Ouais je suis une pauvre fille de 22 ans qui vit encore chez sa mère, mais bon, on peut pas tout avoir dans la vie.
Par contre, le mariage gay, ça, je le voulais. J'ai été élevée par ma mère qui m'avait expliquée très jeune l'homosexualité, et également qu'on a pas forcément besoin d'un père (ou d'une mère) dans notre vie pour grandir et s'épanouir.
Je ne vais pas vous cacher que j'ai pleuré le 6 mai 2012. Parce que parmi toutes ces promesses, il y en avait une qui m'avait poussé à y croire. Et nous y sommes, maintenant.

J'ai vu le titre de cet article sur une pancarte, qui était toujours à quelques mètres de nous, dimanche, un peu comme un leitmotiv. Il y avait des messages géniaux, mais je sais pas, celle-ci, je l'ai retenu, je l'ai aimé.
Le soleil aussi était du bon côté de l'histoire ce jour là, parce qu'on avait chaud, très chaud. On a chanté la Marseillaise devant la banderole des zoophiles, on a hurlé les slogans avec des milliers de personnes, et j'ai enfin compris pourquoi c'était bon, de manifester pour quelque chose qu'on souhaite si fort qu'on en mal au coeur.
À la base, je ne voulais pas. Je n'y suis pas allée le 16 décembre, parce que après tout, pourquoi manifester pour un droit aussi évident que celui-ci ?
Mais ensuite, mon côté naïf est allé se terrer tout au fond de mon cerveau, et j'ai arrêté de faire la fille qui a des convictions, de loin.
Je suis tellement détachée de la plupart des actualités, pas parce que je m'en fous, au contraire, mais parce que je me sens tellement impuissante que ça aurait fini par me rendre malade. Mais cette fois-ci, je pouvais faire quelque chose qui comptait, vraiment. Être parmi ces milliers de gens pour l'égalité, tout court. Soutenir celles et ceux qui n'ont pas les mêmes droits que tout le monde, alors qu'on est tous êtres humains, et que les êtres humains naissent libres et égaux en droit.

Je ne souhaite pas me marier, je suis hétérosexuelle et je préfère manger mon poids en brocolis (et je déteste VRAIMENT ÇA) plutôt que d'avoir un gosse. Mais tout ça, on s'en fout. Je suis pas là pour "voler la vedette" à ceux qui veulent tout ça, en montrant à quel point je suis tolérante. On s'en fout de ça, honnêtement, je pense que c'est juste le fait d'être là, dans la rue, mais aussi à chaque seconde, à montrer à celles et ceux qui sont encore plus opprimés qu'ils ne sont pas seuls. Que pour une insulte, il y a dix embrassades, un droit refusé, il y a dix poings levés.
Alors ouais, le combat est très loin d'être terminé, mais ça reste une victoire. Et petit à petit, on y arrivera. Alors prochaine étape, adoption, GPA, PMA.


La photo est de moi.

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